Evénement Artistique d’envergure à Rabat

musee mohamed

L’art photographique est à l’honneur à Rabat depuis le 29 mars jusqu’au 30 juin 2021 et le caractère exceptionnel de cette exposition est de se situer  en grande partie «  hors les murs » offrant ainsi au regard d’un vaste public des images insolites, réalistes d’un événement non moins exceptionnel, celui de la pandémie qui a bouleversé le monde entier.

Elle se déploie dans différents sites de la ville, à l’extérieur sur les grilles du jardin d’essai botanique, devant l’Institut français, sur l’esplanade du Fort Rottembourg et en intérieur, dans l’enceinte du Musée national de la Photographie.   C’est à travers le titre ambigu «  A bonne distance » que l’on est convoqué  aux choix à la fois raisonnables et inhumains des nouvelles mesures sanitaires qui soignent en confinant, isolant  l’homme dans sa bulle protectrice.

Et c’est bien cette solitude qu’ont capté les photographes comme celle d’un enfant dans une rue en Chine face au tracé de carrés suggérant celui d’un jeu dérisoire.  Entre la photographie-reportage informant le spectateur d’une réalité incontournable et celle poétique transmettant la beauté incongrue d’un instant, l’image percute la sensibilité de celui qui découvre non seulement la richesse d’un patrimoine mais la tragédie d’un événement. 

Ainsi  le travail artistique du photographe révèle-t-il l’ironie tragique de cette beauté.  Les couleurs éblouissantes d’un carnaval en Colombie témoigne de cette miraculeuse mise à distance. On perçoit néanmoins un autre paysage, celui perçu à travers le prisme des intervenants médicaux come l’illustre une prise de vue qui a saisi l’opération de désinfection nocturne d’une ville brésilienne.

La réalité épouse l’irréel d’une situation qui nous apparaît  similaire à celle d’un extraterrestre.  Car l’omniprésence de ce monde médicalisé nous rappelle l’éminence d’une mort possible, c’est pourquoi dans notre inconscient on s’en éloigne et le relègue dans l’univers d’une autre planète.

C’est l’impuissance de notre civilisation aseptique qui est ciblée. Mais l’art révèle son pouvoir en conjuguant tous les partis pris. Outre la solitude et le patrimoine de chaque culture, le photographe montre la résistance de l’homme face à la mise en place d’un système de privations.

La représentation en France des manifestants, contre la fermeture des commerces non-essentiels, est d’un impact dramatique saisissant.  De même l’image d’un indien assis sur un pneu, avec en arrière-plan une route, exprime sa résistance face à la déforestation de l’Amazonie.

Tant d’autres images aussi fortes et symboliques que les autres ne clament-elles pas la valeur de l’art et de la culture ouverts à tous les publics dans l’espace de la rue ou d’un musée ?Le talent créatif de chaque photographe n’est-il pas en mesure d’interpeller la conscience et la sensibilité du citoyen ? Reste à d’autres initiatives de perpétuer cette louable expérience dont la mission éducative est un facteur primordial d’épanouissement et d’éducation.  L’intérêt de cette exposition réside dans l’envergure de son rayonnement puisqu’elle s’étendra dans les prochains mois à toutes les villes du Maroc.  

Dominique Berjaud Nouiga   

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *