L’art d’accrocher des œuvres sur les murs d’une galerie exige tout d’abord de circonscrire les motivations et l’histoire qui sous-tendent le travail de l’artiste.
A un bon accrochage, préside donc une concertation approfondie entre le galeriste et l’artiste. Outre les choix des techniques qui dépendent du poids et de la taille des œuvres et celui du matériel nécessaire à un accrochage solide, Il s’agit avant tout de saisir l’esprit ou les humeurs diverses des œuvres pour donner à l’ensemble de l’exposition une nouvelle vie.
Cet aspect vivant ne peut se soustraire à l’art de surprendre les visiteurs. Et c’est en cela que réside l’équilibre subtil entre le soin accordé à la variété des formats, des cadres, de la hauteur de leur emplacement et une certaine organisation homogène de l’ensemble de l’exposition.
Il S’agit donc d’un véritable art de la mise en scène qui doit prendre en compte les différentes facettes du travail de l’artiste sans forcément en respecter la chronologie et sans privilégier une œuvre au détriment d’une autre. Les critères de la couleur, de la grandeur et d’un sujet qu’a priori on estime plus fort que l’autre sont en fait arbitraires.
L’essentiel est qu’aucune œuvre n’efface l’autre. Chaque tableau a besoin de son espace comme une respiration afin d’éviter son étouffement. Donner un rythme à l’ordre dans lequel sont disposées les œuvres inclut des silences et des ruptures nécessaires à capter l’attention du visiteur.
C’est pourquoi il faut plutôt s’interdire la constance, l’alignement qui risquent de lasser le regard plutôt que de l’éveiller.
Si les œuvres sont empreintes à l’art figuratif, il est important de prendre en compte la diversité des sujets, de les associer afin de les mettre en valeur, comme celui du romancier qui raconte une histoire.
S’il s ‘agit d’art abstrait, il convient d’en reconnaître les résonances poétiques. L’éclairage est un sujet en soi, il donne vie à l’œuvre et permet au visiteur d’entrer dans son mouvement, ses vibrations et ses contrastes les plus subtils.
Enfin, le cartel, ce petit affichage qui peut comprendre un titre, des indications comme celles de la technique adoptée, des mesures, de la date de création et le cas échéance de la provenance est la touche finale qu’on ne doit pas oublier.
Qu’il ne soit pas trop gros pour ne pas envahir l’œuvre ni trop court pour priver le visiteur des informations nécessaire à l’inscription travail de l’artiste dans un contexte précis.
Pour conclure, l’art de l’accrochage répond à des critères très subjectifs et exige surtout une passion de l’art et la reconnaissance du talent de l’artiste que l’on expose.
Dominique Berjaud Nouiga